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Les « Portraits de patriotes » (2012) par Jonathan Lemire

Du 22 mai au 6 novembre 2023, l’historien Jonathan Lemire, commissaire de l’exposition Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), vous propose à chaque semaine une chronique dans laquelle il explore plus en détail un aspect de la vie, de la carrière ou de l’œuvre du notaire et député patriote Jean-Joseph Girouard. 

Après avoir travaillé ardemment sur mon premier livre, Jacques Labrie, Écrits et correspondance (Septentrion, 2009), j’avais envie de m’attaquer à quelque chose de différent, mais qui touche chez moi une corde tout aussi sensible.

Ayant toujours eu une véritable passion pour les portraits de patriotes réalisés par Jean-Joseph Girouard, notaire et leader rebelle à Saint-Benoît, je comptais déjà parmi ma bibliothèque l’historique ouvrage de l’abbé Clément Laurin publié en 1973 : Jean-Joseph Girouard & les Patriotes de 1837-1838. Portraits. Artistiquement, ce livre était incroyable, mais ne rendait toutefois pas justice à l’immense talent de Girouard ; les portraits ayant été victimes du processus d’impression plutôt médiocre.

Mon but premier était donc en quelque sorte de refaire ce livre, mais avec les procédés de reproduction et d’impression d’aujourd’hui. J’avais vraiment le désir de d’amener ce livre à un « autre niveau », non seulement dans sa qualité de production, mais aussi dans l’élaboration de son contenu.

Couverture du livre Portraits de patriotes, 2019.

D’abord, je tenais absolument à faire de cette publication un « beau livre ». Il s’agissait de réaliser un ouvrage munit d’une couverture semi-rigide, avec un papier glacé de qualité, en quadrichromie, avec une reliure cousue et le tout contenu dans un boîtier cartonné. Par ailleurs, je devais nécessairement bonifier (et c’est peu dire) les notices biographiques, jadis rédigées par l’abbé Laurin. Quoi que bien écrites, il fallait se rendre à l’évidence : en 1973, les recherches historiques étaient plus difficiles qu’aujourd’hui. J’ai passé plusieurs mois à rédiger près d’une centaine de biographies étoffées des différents portraiturés de Girouard. Bâties sur un même modèle, dirais-je, ces biographies furent rédigées avec un souci jaloux du détail historique, avec les références détaillées à l’appui (en bas de page).

En plus, j’ai pris soin de faire précédé ces portraits et ces biographies d’une vaste introduction dans laquelle j’aborde premièrement la vie du notaire de Saint-Benoît, principalement son implication patriote qui le mena derrière les barreaux à Montréal, puis deuxièmement, sa vie artistique. Par la suite, j’aborde le parcours historique emprunté par cette collection extraordinaire de portraits. Il en va de même des esquisses provenant d’autres institutions muséales. Puis, dans le quatrième chapitre, je fais une description des œuvres de Girouard tout en relevant certaines de leurs particularités. Finalement, je rends hommages au magnifique travail de l’abbé Laurin dont je raconte l’histoire.

Enfin, à quoi bon refaire ce qui a déjà été fait ? L’une des raisons principales pour refaire un tel volume était justement l’ajout de nouveau matériel ; des portraits inédits. En effet, outre le vaste fonds « Collection Jean-Joseph Girouard » contenu à Bibliothèque et Archives Canada, je connaissais l’existence d’autres dessins conservés dans différents fonds d’archives, musées ou collections privées. Je pense notamment au Musée national des beaux-arts du Québec qui possède quelques profils d’insurgés. Pour sa part, l’esquisse de Louis-Isaac Larocque provient du fonds de l’historien Robert-Lionel Séguin, au Musée Québécois de Culture populaire, qui l’a acquise dans le cadre de ses longues recherches et acquisitions. Sa collection de plusieurs milliers pièces est par la suite acquise par l’Université du Québec à Trois-Rivières en 1983.

Extrait d’un communiqué de presse, VLB éditeur, 2012.

Le lancement médiatique s’est tenu au Centre de recherche Lionel-Groulx, à Montréal, le 14 mai 2012. Ce fut un événement mémorable pour moi. Pour cause, plusieurs grands tenants de la cause nationales étaient présents pour l’occasion, à savoir Claude Béland, ancien président des Caisses Desjardins, Pierre Karl Péladeau, président de Québecor et éventuel chef du Parti québécois, Daniel Paillé, chef du Bloc québécois, Bernard Landry, ancien Premier ministre du Québec, et Gilles Laporte, historien émérite. J’étais donc honoré de côtoyer ces grands alors que je me considérais moi-même si petit. Le 20 mai suivant, je faisais un second lancement, cette fois devant mes proches, « mon monde », à La Petite église de Saint-Eustache.

Ces Portraits de patriotes furent imprimés à 1 500 exemplaires en guise de premier tirage. Les 250 premières copies furent numérotées. J’ai gardé en ma possession le numéro 1 et j’avais gracieusement donné l’exemplaire numéro 101 à Mme Pauline Marois qui était alors en campagne électorale, durant un passage dans la circonscription de Deux-Montagnes. Je garde d’ailleurs un excellent souvenir de ce moment avec la Première ministre du Québec car quelques semaines après son élection, je reçu par la poste une magnifique lettre du « Bureau de la Première ministre du Québec ». Quelle émotion ! Elle me remerciait chaleureusement pour ce cadeau offert quelques semaines plus tôt.

L’été et l’automne 2012 fut marqué pour moi par une série d’événements promotionnels dont je me souviendrai à jamais et pour cause. À la même époque, mon amie l’auteure Francine Ouellette (Au nom du père et du fils, Le sorcier, Feu) lançait simultanément son superbe roman En 1837, j’avais dix-sept ans (Libre Expression) ; ouvrage pour lequel j’ai contribué à titre de réviseur historique. Elle et moi avons passé une partie de l’année ensemble, en partageant la scène au Salon du livre de Montréal, mais aussi pour différentes entrevues radiophoniques et dans le cadre d’une mémorable visite guidée conjointe des attraits du Vieux-Saint-Eustache, trame de fond de son roman.

Les ventes de mon livre allèrent bon train tant et si bien que dès 2019, les 1 500 copies s’étaient écoulées en librairie. VLB éditeur accepta dès lors de produire un second tirage, mais cette fois pour une édition disons meilleur marché, c’est à dire avec une couverture souple, un papier régulier (non glacé), bicolore, une reliure allemande et sans coffret. Le prix de détail avait été réduit à 40 $ (édition originale à 60 $ et c’est cette nouvelle édition qui est toujours disponible de nos jours.

C’est donc ce livre qui fut l’inspiration pour l’exposition temporaire à se tenir dans l’Espace muséal du manoir Globensky à Saint-Eustache : Visages des Rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste.

Pour en savoir plus sur Jean-Joseph Girouard, visitez l’exposition temporaire Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.

Qui a écrit cet article?

Historien, auteur, généalogiste et conférencier spécialisé dans l’histoire du Québec au 19e siècle, particulièrement sur les rébellions de 1837-1838 dans le comté des Deux-Montagnes, Jonathan Lemire est diplômé en histoire à l’Université de Montréal (2001). 

Il est depuis plusieurs années chercheur et commissaire sur plusieurs expositions permanentes et temporaires en lien avec l’histoire insurrectionnelle. Il est l’auteur de cinq ouvrages : Jacques Labrie. Écrits et correspondance (Septentrion, 2009), Portraits de patriotes, 1837-1838 – Œuvres de Jean-Joseph Girouard (VLB éditeur, 2012), L’église de Saint-Eustache : une histoire mythique, patriotique et symphonique (Ville de Saint-Eustache, 2013), Ludger Duvernay, Lettres d’exil, 1837-1842 (VLB éditeur, 2015), L’OSM en concert à l’église de Saint-Eustache. 235 ans d’histoire et l’avenir devant nous (Fondation église historique de Saint-Eustache, 2018).

Pour son implication et ses nombreux travaux en histoire, il fut honoré de la Médaille de l’Assemblée nationale en 2013. 

Il est finalement commissaire, coordonnateur, chercheur et rédacteur dans le cadre de l’exposition temporaire Visages des rébellions – Jean-Joseph Girouard, patriote portraitiste (1794-1855), réalisée par la Maison nationale des patriotes et présentée à l’Espace muséal du manoir Globensky du 18 mai au 12 novembre 2023.

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